Chaque jour, découvrez une vidéo dans laquelle un témoin nous dira qui est prophète aujourd’hui, comment il essaie d’être prophète, ce que le monde attend des chrétiens.
Frère Philippe Verdin, responsable d’Avent dans la Ville, nous présente la retraite 2019 :
Je suis un jeune frère dominicain de 67 ans, formé initialement à l’étude du Nouveau Testament, que j’ai enseigné à l’Institut catholique de Toulouse.
Mais l’Ordre des Prêcheurs m’a aussi sollicité pour de multiples et diverses tâches de formation et d’accompagnement de frères ou de groupes (Équipes Notre-Dame, Entrepreneurs et Dirigeants chrétiens…), qui m’ont conduit entre autres à Jérusalem ou en Haïti.
Aujourd’hui en retrait(e), je continue à accompagner, enseigner, mais surtout à écrire, en visant un public plus large que dominicain ou universitaire, en particulier les familles d’enfants « différents », via mon blog principal (proveritate.fr) ou les réseaux sociaux.
Mes deux derniers livres aux Éditions du Cerf : Combat, sur le combat spirituel, et Pour (re)commencer à croire, sur quelques points de base de la foi chrétienne. Tous deux sont largement des commentaires bibliques.
La place de la Bible ?
Au départ, un choix de mes formateurs, qui constataient mes facilités pour la langue, mon intérêt pour l’histoire… Je passe donc deux ans à Jérusalem (1981-1983) où, lorsque j’arrive, on me demande d’emblée « ma spécialité » : je n’en ai pas, je viens tenter d’en acquérir une. Ce sera autour de l’œuvre de Paul et les Actes des Apôtres : ma formation économique antérieure à mon entrée dans l’Ordre m’invite à réfléchir sur la gratuité de Dieu dont saint Paul est l’un des hérauts. Cette thématique continue de m’habiter et fera peut-être un jour l’objet d’un livre.
L’étude biblique me dévoile peu à peu la figure du Christ, et me révèle aussi à moi-même : les questions que je pose au texte pour tenter d’y voir plus clair sont toujours des questions que je me pose personnellement. Il est facile d’y reconnaître la situation de n’importe quel prédicateur face au texte biblique qu’il doit commenter.
Un moment marquant dans ma vie récente ?
Trois jours avant Noël 2016, lors d’un passage à Paris, j’ai la chance de pouvoir être accueilli dans la famille Clermont, pour visiter leur fils Gaspard, atteint d’une maladie dégénérative qui devait l’emporter un mois et demi plus tard : il est devenu par la médiation de ses parents une figure marquante de Facebook. Je le trouve couché, ses magnifiques yeux bleus me percent, malgré son regard aveugle : je suis atteint au plus profond de moi, et ne serai plus jamais exactement le même ensuite. J’écris dans la foulée ma prédication du jour de Noël, que je publie et qui va atteindre plus de dix mille personnes.
Mes activités d’aujourd’hui, et en particulier les rencontres avec les familles d’enfants « différents » sont toutes, directement ou indirectement, les fruits de cette visite. J’en témoigne abondamment sur mon blog.
Je suis un pur produit de « Carême dans la ville ». Ce site m’a fait découvrir l’Ordre. Quelques années après, je suis entrée dans la Congrégation des Soeurs Dominicaines de l’Immaculée Conception (DIC) en 2010. Juriste privatiste de formation, j’ai longtemps enseigné à l’université et en IUT. Aujourd’hui, je suis directrice d’un foyer d’étudiantes à Rennes. J’exerce comme avocate au sein de l’Officialité et suis aumônier au sein d’un service de soins palliatifs dans un centre anti cancer Rennais. Je poursuis actuellement un cursus de droit canonique.
Comment te viennent les idées ?
Par principe, j’ai horreur de lire la même chose plusieurs fois. Mais plus je me plonge dans la Bible moins je lis la même chose. J’essaie donc de me disposer à regarder le texte avec un œil neuf. Une première lecture sans penser à quoi que ce soit, simplement me laisser happer et surprendre par le texte, m’est toujours nécessaire. Puis, une seconde lecture commence à faire germer des contradictions, des questions, des étonnements. Viennent les premières idées qui sont jetées sur une page de traitement de texte, en vrac. Ensuite, je laisse cheminer, cela m’habite… C’est une forme de lectio divina qui s’effectue. Le fil rouge du passage apparaît, il faut alors rédiger les premiers mots, creuser, puis peaufiner, laisser venir à maturation.
Qu’est-ce que tu as découvert de l’évangile de Saint Matthieu ? Son axe principal pour toi ?
Je suis émue en pensant que Saint Dominique connaissait par cœur cet évangile. Etudier plus à fond cet évangile me fait marcher sur les pas de deux hommes importants pour moi, le Christ et Saint Dominique. J’y découvre les traits de caractères de Jésus, toute sa tendresse. Cela me fait comprendre comment la miséricorde de Dieu se déploie, y compris dans les actes de notre vie quotidienne. J’aime particulièrement ces renvois réguliers à l’Ancien Testament.
Influence de la lecture de la Parole de Dieu sur tes ministères ?
La lecture de la Parole est un besoin vital que je ressens depuis bien longtemps. C’est une respiration indispensable, un cœur à cœur, qui me permet de prendre des forces. Que ce soit à l’Officialité ou dans un service de soin palliatifs, il existe bien des difficultés et pauvretés humaines auxquelles nos contemporains sont confrontés sans toujours avoir près d’eux une oreille attentive ou une épaule qui peut consoler.
Cette Parole m’aide à être présence auprès des autres, à changer mon regard et mon écoute.
Je suis frère Grégoire, j’ai 32 ans. Après avoir été enseignant de lettres classiques dans le secondaire, je suis entré chez les dominicains en 2011, et je poursuis une formation en exégèse biblique à Lyon.
Je suis aussi actif à TheoDom depuis sa création, pour faire découvrir les richesses et les moyens de la théologie. Et il y a aussi la poésie, celle des autres et la mienne.
Comment te viennent tes idées ?
Je commence par faire ma lectio divina, c’està-dire une méditation priante de la Parole, avec les textes que j’ai à commenter. Puis je laisse reposer quelques jours, quelques semaines, en y revenant de temps en temps … Il y a souvent une phrase, une atmosphère, ou bien un ton de voix chez le Christ qui va m’accrocher, me gêner ou me plaire, sans que je sache trop pourquoi. C’est ça que je vais creuser en me mettant à écrire.
Dom André Louf, ancien abbé du Mont des Cats, expliquait sa prédication ainsi : « je m’expose à la Parole et je dis à mes frères où j’en suis ». Je trouve que c’est assez juste : mettre au clair, pour moi et pour les autres, ce que j’entends et comprends aujourd’hui de cette Parole.
Qu’as-tu découvert dans l’Évangile de Matthieu ?
Des quatre Évangiles, celui de Matthieu est celui qui est le plus difficile pour moi. Je l’ai dit dans une méditation : le Christ y a un visage et une voix un peu rudes, durs même parfois. Je suis plus à l’aise avec saint Luc. Donc, travailler sur Matthieu, ça me sortait un peu de mon confort.
Ce que j’ai re-découvert, c’est que le Christ, chez Matthieu, est vraiment un Juif : il a l’accent hébreu, le beau visage d’un fils d’Israël. Et puis, j’ai été frappé, en tout cas dans les passages que j’avais à commenter, par le fait qu’il parle beaucoup du jugement, de son retour dans la gloire, de la fin des temps : pas pour faire peur, mais pour aiguiser notre désir.
Puisque c’est ça, qu’on attend, qu’on espère, comme on le dit parfois machinalement à la messe : « nous attendons que tu viennes ».