-> La Chapelle des Flandres

-> Homme armé éditions


Interview de Maurice Bourbon, directeur artistique de la Chapelle des Flandres 

maurice bourbonNous découvrons la Chapelle des Flandres, une aventure artistique que vous dirigez depuis de nombreuses années maintenant. Pouvez-vous dire quelques mots sur ce qui vous motive encore aujourd’hui dans cette belle entreprise ?

Mes sources de motivation restent d’abord le plaisir intellectuel d’analyse des œuvres interprétées, surtout les plus complexes (Josquin, Bach…), puis la restitution de leurs structures. Par ailleurs, je poursuis toujours et atteins parfois la belle utopie de la justesse harmonique qui magnifie les voix. La subtile utilisation de belles acoustiques, comme celle du couvent des dominicains, est un autre aspect primordial de mon métier. Enfin, la musique est un monde tellement vaste, qu’après toutes ces années, je découvre encore des diamants, comme l’œuvre immense de Luca Marenzio, au programme de Coeli et Terra cette saison, ou les somptueux et difficiles motets de Max Reger, que j’interpréterai si j’en ai encore le temps…

Les retraitants d’Avent dans la Ville découvrent cette année un répertoire d’œuvres musicales sacrées qui ont été choisies parce qu’elles célèbrent le Christ Agneau de Dieu. La dernière œuvre que nous entendrons quelques jours avant Noël chante la gloire de Dieu. De quelle manière le chef de chœur est-il touché lui-même par la dimension sacrée et religieuse des œuvres qu’il interprète ?

Interpréter ou composer une messe est un acte musical profond et un immense plaisir, à cause du texte poli par les siècles et l’usage, chargé de vénération et d’histoire, si intense et contrasté, avec, tour à tour, ses douceurs, ses douleurs, son exaltation et ses violences. Il est, comme tous ses prédécesseurs compositeurs, spécialement captivé par la dimension intérieure et mystique de l’Agnus Dei, qui, à sa fin, nous conduit, avec le Dona nobis pacem, au repos éternel.

Que souhaitez-vous aux internautes qui vous écouteront ?

De se laisser aller au plaisir… Même si les extraits qu’ils entendront comporteront, comme toute l’œuvre de Josquin, une magnifique complexité, parfois mathématique (c’était visiblement le plaisir et quasiment la deuxième nature de ce compositeur), que les internautes entendent d’abord le lyrisme, les élans, les climats, la tendresse, la passion…

Dans l’extrait de la messe de Madrid, d’une relative rareté, car Domenico Scarlatti est beaucoup plus connu pour ses compositions instrumentales (à part le célèbre Stabat Mater), l’auteur nous captive par son art mélodique et par la suspension magique de sa musique