Nous commençons ici une nouvelle catégorie d’articles, tirés de « J’aime la Bible » de Paul Claudel, un petit livre paru en 1955.
« La Bible est associée chez moi au premier éveil du cœur et de l’imagination. Dès ma plus petite enfance quand j’apprenais à lire sur les bancs des chères sœurs de la Doctrine chrétienne à Bar-le-Duc, avec quel intérêt je regardais ces grands cartons qu’elles nous mettaient entre les mains et où était représentée la vie du Seigneur. Et plus tard au lycée l’Histoire Sainte fut les délices de ma classe de douzième. La sacrifice d’Abraham, le déluge, les fiançailles de Rebecca, Jacob, Moïse, Tobie, le châtiment d’Héliodore, la Samaritaine, autant d’images magnifiques, dont je ne puis dire qu’une chose, c’est qu’elles comblaient ma sensibilité. Quelle déchéance plus tard quand il me fallut en venir aux Grecs, aux Romains et à leurs successeurs !
Et plus tard, au soir de cette inoubliable journée de Noël 1886, comment ne pas voir une intervention de la Providence dans cette bible, don d’une amie protestante à ma sœur Camille, qui se trouvait là sur ma table ? Je l’ouvris, ce qe je n’avais jamais fait auparavant, et ce fut à deux endroits. Le premier était ce récit d’Emmaüs dans saint Luc, quand le Seigneur, au rebours de la nuit qui monte, ouvre à ses deux compagnons palpitants les secrets de l’Ancien document. Et le second, ce fut ce sublime chapitre VIII du livre des Proverbes qui sert d’épître à la messe de l’Immaculée Conception. Ah ! Je ne fus pas long à reconnaitre dans cette radieuse figure qu’elle évoque les traits de la Mère de Dieu, en même temps qu’inséparables, ceux de l’Église et de la Sagesse créée. Pas une figure de femme dans mes drames postérieurs qui n’ait gardé la trace de mon éblouissement. »
Et si nous partagions nos premiers souvenirs de lecture de la Bible ?