Supporter patiemment les personnes ennuyeuses

fr Maurice Billet – op. Couvent de Lille
« Supportez-vous les uns les autres, et si quelqu’un a quelque grief contre l’autre, pardonnez-vous mutuellement ; comme le Seigneur vous a pardonné, faites de même, vous aussi. Et par-dessus tout, revêtez l’amour : c’est le lien parfait » 1 Col 3, 13-14.
Le verbe « supporter » est la plupart du temps une invitation à faire bonne figure dans les difficultés. Avec le sentiment que nous ne pouvons rien faire pour changer notre propre situation ou celle des autres. Les enfants du voisin sont bruyants. Qu’y puis-je ? En famille, en communauté, dans la paroisse, il y a des impasses, des lassitudes. On se connaît depuis si longtemps, il n’y a plus rien à découvrir. La fatalité pèse sur nos épaules.
Il y a des casse-pieds, des gêneurs, des insupportables. Comme chacun, ils ont droit de mener aussi une existence, leur vie. Au minimum, on les tolère. Sachant qu’il faut aller plus loin, les reconnaître positivement, quelquefois en y passant beaucoup de temps.
Supporter, c’est aussi assumer une charge, un risque, soit familial, soit professionnel, soit social. C’est endurer, ne pas faiblir, encaisser. Admettre que je n’ai pas la vérité entièrement et qu’il me faut écouter, comprendre les autres.
En Afrique, au Cameroun, on « supporte » une équipe de football. Dans le langage sportif français, on est « supporter », selon la langue anglaise. On encourage, on donne son appui ; on est fan d’un sportif d’une équipe, d’un parti, d’un coureur, d’un candidat.
Et Dieu dans tout cela. Il est le plus patient, d’une patience inusable, inaltérable. « Tu es ma patience, Seigneur » Ps 9, 19. Mon espérance. La patience de Dieu est inaltérable et inusable. Et cela parce que Dieu est amour et qu’il croit en nous.
Dieu, qui est Père, veut que nous nous fassions un cœur comme le sien, un cœur libre pour tous les dons et toutes les gratuités. Un cœur neuf tous les jours, qui ne se lasse pas de chercher à comprendre, à garder un cœur ouvert à toute détresse, à toute joie. Il sait que nos qualités sont ce qui fait notre véritable valeur. Nous valons plus que ce que nous croyons être.
« J’associe souvent la sainteté et la patience : pas seulement comme patience (supporter le poids des événements et des circonstances de la vie), mais aussi comme constance dans le fait d’aller de l’avant, jour après jour. » Entretien du pape François avec le P. Antoine Spadaro, le 19 août 2013.