« J’espérais un secours, mais en vain des consolateurs, je n’en ai pas trouvé » (Psaume 68, 21)

fr. Pierre Hugo, op Couvent de Lille

fr. Pierre Hugo, op
Couvent de Lille

Consoler ! Ce mot peut sembler sentimental, dérisoire, et pourtant il est essentiel dans une existence. On dit de Saint Dominique qu’il était le consolateur de ses frères. Il ne s’agissait pas pour lui de simples gestes de bonté ou de tendresse. Il s’agissait pour lui de consolider ses frères, de les encourager à aller de l’avant.

Consoler, pourquoi ? La pire pauvreté dans l’épreuve, tristesse, maladie, deuil, c’est d’être seul, sans relation, de n’avoir personne, de se croire abandonné de tous et même de Dieu. Consoler, c’est peut-être tout simplement se tenir là, se rendre présent à celui qui n’a plus d’appui au monde.

Devant tout être blessé, on est toujours démuni. Avant toute parole, il importe de se taire, d’écouter, longuement, de se mettre au niveau de chacun comme Jésus faisant route, en silence, avec deux inconnus sur la route d’Emmaüs, leur  demandant seulement quel était leur tourment. Il les regardait comme uniques et irremplaçables. C’est ici, me semble-t-il qu’on ne  peut se contenter d’actions, d’engagements. Il s’agit d’être attentifs au tourment, au drame qui habite chacun. Le malheur n’est jamais inscrit dans une collection, mais il touche chacun de façon inimitable. Cela suppose qu’on se vide soi-même de tout contenu pour accueillir l’autre tel qu’il est.

Le risque, dans ce ministère de consolation, c’est d’être submergés par le drame de l’autre au point de ne plus pouvoir aider. Consolider et non craquer soi-même. On ne peut consoler vraiment  les autres que si nous-mêmes, dans nos propres blessures, nous  avons été consolés par Dieu. Béni soit Dieu, (…) le Dieu de qui vient tout réconfort. Dans toutes nos détresses, il nous réconforte ; ainsi, nous pouvons réconforter tous ceux qui sont dans la détresse*.

En notre temps souvent perturbé où tout semble parfois être remis en cause, nous devons avoir le souci de transmettre, non des incertitudes ou des doutes, mais des convictions fortes qui

leur permettent de s’abandonner comme des enfants dans les bras de Dieu. C’est si vrai que vient toujours un moment où l’homme de consolation doit s’effacer ou disparaître.

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Fra Angelico

Il doit laisser la place à d’autres, surtout laisser la place au Christ. Lui seul est le consolateur de ceux qui souffrent.

Au moment de quitter les siens, il entend ne pas les laisser orphelins, il leur promet  et leur laisse son Esprit le Paraclet, l’Esprit consolateur. Le Paraclet que je vous enverrai d’auprès du Père… vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous  ai dit… que votre coeur cesse de se troubler et de craindre… je vous laisse la paix je vous donne ma paix… je vous reverrai et votre coeur se réjouira et votre joie personne ne vous l’enlèvera**.

* Deuxième lettre de saint Paul aux Corinthiens 1,3-4.
** Extraits de l’Évangile selon saint Jean, chapitre 16.